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Ludwig van Beethoven Biographie

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Ludwig van Beethoven est né à Bonn (Allemagne) le 17 décembre 1770 (seul deux de ses sept frères, Kaspar-Karl et Johann, nés respectivement en 1774 et 1776, survivront). La famille est musicienne depuis au moins deux générations : Ludwig van Beethoven l’ancien (1712-1773), son grand-père paternel, s’était installé à Bonn en 1732, et son père Johann van Beethoven est ténor de la chapelle de l’électeur de Cologne (Köln). Homme alcoolique et violent, il remarque cependant les dons musicaux de son fils Ludwig (d’abord pour le piano). Quant à Maria-Magdalena (1746-1787), la mère, d’origines slaves, elle est la fille d’un cuisinier de l’électeur de Trèves.

Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF

Jeune virtuose mais déjà compositeur

Très tôt, l’enfant manifeste une personnalité rebelle et brave l’autorité paternelle. Sa formation musicale est poursuivie par le compositeur et chef d’orchestre Christian Gottlob Neefe, qui lui trouve d’ailleurs une place dans l’orchestre de la cour. Le nouvel électeur, Max-Franz, protège le jeune musicien, organiste adjoint depuis 1784, et lui accorde une bourse de 170 florins. Dès 14 ans donc, il gagne sa vie et aide à nourrir sa famille. Grâce à ses protecteurs qui admirent son talent et son courage, il poursuit tant bien que mal son éducation générale et musicale.

Ludwig compose alors ses premiers concertos et quatuors à cordes (ses premières pièces, pour piano, datent de 1782-1783 : il s’agit notamment des Neuf variations sur une marche de Dressler et des Trois Sonatines dites "à l’Électeur").

De plus, en 1792, Waldstein organise la rencontre entre Joseph Haydn et son protégé. Haydn s’intéresse au musicien (la Cantate sur la mort de Joseph II ou celle sur l’avènement de Léopold II furent déterminantes) et lui propose d’étudier à Vienne sous sa direction. De plus en plus coupé de Bonn (sa mère, à laquelle il était attaché, est morte en juillet 1787 de la tuberculose, et son père, alcoolique chronique, est à la retraite depuis 1789), Beethoven, qui enseignait et jouait dans l’orchestre municipal aux côtés de son ancien maître Neefe, accepte avec enthousiasme et quitte Bonn, sa bonne vieille ville natale, pour la capitale autrichienne le 2 novembre 1792. Hélas, Mozart, qu’il adulait, est déjà mort depuis près d’un an.

De janvier 1794 au début de 1795 (pendant le séjour de Haydn en Angleterre), il prend des cours auprès de Johann Georg Albrechsberger (contrepoint) et d’Antonio Salieri pour l’art vocal. Il achève ainsi une formation quelque peu chaotique.

Mais c’est comme pianiste que Beethoven se taille d’abord une réputation. En 1796, une tournée de concerts le mène de Vienne à Berlin en passant notamment par Dresde, Leipzig, Nuremberg et Prague. Sa carrière parallèle de compositeur est encore peu connue.

Compositeur à temps plein (voire plus)

Pour son insrument, il écrit ses premiers chefs-d’œuvre : Premier Concerto op. 15 (1798 : écouter le début du 1er mvt), la Huitième Sonate op. 13 « Pathétique » (1799 : écouter le début du 1er mvt), la Quatorzième Sonate op. 27 n° 2 « Clair de lune » (1801 : écouter le début du 1er mvt).

Sa réputation commence à dépasser l’Autriche, mais il est alors victime du pire malheur qui soit pour un musicien : dès 1796 en effet, il ressent les premiers symptômes de la surdité. Ses oreilles sifflent et bourdonnent perpétuellement. Il envisage le suicide, persuadé qu’il sera rapidement privé de ses facultés musicales, et rédige à l’intention de ses frères le 6 octobre 1802 une célèbre lettre qui nous est restée sous le nom de « Testament d’Heiligenstadt ».

Il abandonne sa carrière de virtuose pour se lancer à corps perdu dans la composition. À cause de sa surdité, il se renferme sur lui-même et après 1819 ne communique plus que par lettres. Il acquiert une réputation de misanthrope. Par peur de devoir assumer en public cette terrible vérité, il s’isole et se montre souvent désagréable. Sa lettre exprime à la fois son désespoir et sa foi en son art.

La lettre ne fut jamais envoyée et sera retrouvée seulement après sa mort. Ainsi, une fois de plus, il surmonte cette épreuve à force de volonté, célébrant dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la joie quand le destin lui prescrivait l’isolement et la misère.

Mais, finie la vie mondaine, une page est tournée : « Je suis peu satisfait de mes travaux jusqu’à présent. À dater d’aujourd’hui, je veux ouvrir un nouveau chemin. »

Ce sera sa Symphonie n° 3 « Héroïque » (1804), qui marque la sortie de la crise de 1802. Par sa longueur, la richesse et l’intensité des émotions exprimées, sa hardiesse harmonique et orchestrale, elle traduit aussi l’évolution du style de Beethoven et beaucoup la considèrent même comme le début de la période romantique (écouter le début).

En juillet 1805, alors que son unique opéra, Fidelio, est un échec, le compositeur fait la rencontre de Luigi Cherubini pour qui il ne cachait pas son admiration.

Les années 1806 à 1808 sont les plus fertiles en chefs-d’œuvre de toute sa vie : la seule année 1806 voit la composition du Concerto pour piano n° 4, des trois grands Quatuors à cordes op. 59, numéro 7, numéro 8 et numéro 9 dédiés au comte Razumovsky (l’un de ses premiers mécènes ; écouter le début du 2ème mvt), de la Quatrième Symphonie et du célèbre Concerto pour violon en ré majeur op. 61 (écouter un extrait du 1er mvt).

L’indépendance affirmée (1806)

À l’automne 1806, il accompagne son mécène le prince Carl Lichnowsky dans son château de Silésie et fait à l’occasion de ce séjour la plus éclatante démonstration de sa volonté d’indépendance. Lichnowsky l’ayant menacé de le mettre aux arrêts s’il s’obstinait à refuser de jouer du piano pour des officiers français, il quitte son hôte après une violente querelle et lui envoie un billet qui se passe de tout commentaire :

« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-même. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. »

Après cet éclat, le prince supprimera bien entendu la pension qu’il accordait au compositeur. Deux ans plus tard cependant, Beethoven lui dédie sa Symphonie n° 5 dite « du destin » (écouter le 3ème mvt). Volonté de réconciliation ou pied de nez ?

En 1808, Jérôme Bonaparte (frère de Napoléon) propose à Beethoven un poste de maître de chapelle à Kassel. Le compositeur, qui avait perdu la pension accordée par le prince Carl Lichnowsky (lire plus haut) semble prêt à accepter cette proposition qui le mettrait à l’abri de tout besoin.

C’est alors que Vienne se réveille : l’archiduc Rodolphe, le prince Kinsky et le prince Lobkowitz forment une alliance, assurant à Beethoven 4000 florins par an s’il restait, ce qu’il accepte. Mais le destin prend de nouveau le musicien au dépourvu sous la forme de la guerre franco-autrichienne de 1809 et de la crise économique qui s’ensuit en Autriche. Le contrat promis ne durera pas plus de deux ans ! De plus, cette guerre fait quitter Vienne à de nombreux amis de Beethoven qui doit surmonter seul, à partir de 1812, de nombreux problèmes.

La mesure du temps (1813)

Vers 1810, Beethoven rencontre le tchèque Johann Nepomuk Maelzel qui crée divers outils pour l’aider dans son audition défaillante : cornets acoustiques, systèmes d’écoute raccordés au piano, etc. Vers 1812, l’inventeur lui présente un objet permettant d’indiquer la vitesse à laquelle doit être jouée une musique : le métronome. Séduit, le musicien lui rend hommage dans le second mouvement humoristique de sa Symphonie n° 8 (1813 : écouter). En outre, la même année, il compose La Victoire de Wellington, pour être jouée sur un instrument mécanique de l’inventeur : le "Panharmonica" (écouter un extrait).

Beethoven adopte aussitôt le métronome car il peut désormais indiquer précisément les tempos qu’il souhaite. Il annote aussi ses œuvres antérieures. Mais un doute subsiste sur ces indications car elles indiquent des tempos très rapides, au point d’être à la limite de l’exécutable. Serait-ce l’effet de sa surdité ou d’instruments imparfaits ? Peut-être faut-il plutôt simplement les comprendre comme le souhait d’une interprétation la plus énergique et vivante possible... (lire un article à ce sujet)

Le Congrès de Vienne et la période sombre (1815-1818)

En 1814 puis 1815, les pays vainqueurs se rencontrent en congrès à Vienne pour effacer les effets des conquêtes napoléoniennes. Beethoven est encensé comme musicien national mais cette gloire affichée masque les nombreuses difficultés du compositeur durant cette sombre période. Sur le plan culturel, la ville préfère la musique plus légère de Gioacchino Antonio Rossini. Sur le plan politique, la police n’apprécie pas ses convictions démocratiques et révolutionnaires. Sur le plan personnel, son frère Kaspar décède, lui laissant la tutelle de son fils. Malgré toute sa bonne volonté, ce neveu allait devenir pour lui, et jusqu’à la veille de sa mort, une source inépuisable de tourments. Tandis que sa situation matérielle devient de plus en plus préoccupante, il tombe gravement malade entre 1816 et 1817 et semble une nouvelle fois proche du suicide.

Sa verve créatrice décline, ses œuvres sont plus sombres. Sa surdité est maintenant totale. Il ne communique plus avec son entourage que par l’intermédiaire de cahiers de conversations. Il y note ses courses, des idées musicales, mais aussi des réflexions tournées vers l’introspection et la spiritualité. Beaucoup ont été perdus mais ceux qui nous restent sont une précieuse source d’informations.

Les forces de Beethoven reviennent à la fin de 1817. Après ces tristes épisodes, la force morale et la volonté du compositeur reprennent le dessus. Une nouvelle période s’ouvre à partir de 1818, où ses compositions font éclater les formes classiques et ouvrent vers l’avenir. Sans doute est-ce l’effet de la surdité, il crée sans tenir compte des modes ni des possibilités sonores de son époque : « Croyez-vous que je pense à un sacré violon quand l’Esprit me parle et que j’écris ce qu’il me dicte ? »

Des œuvres pour les temps futurs

Il connait maintenant un regain de ferveur chrétienne : en 1818, il entreprend l’écriture de sa Missa Solemnis (1822 : écouter le début du Credo). En 1823, l’éditeur Diabelli envoie à l’ensemble des compositeurs de son temps une valse très simple de son cru en les invitant à écrire chacun une variation. Que faire de ce petit thème banal (écouter) ? Piqué au vif, Beethoven en tire Trente-trois Variations qui métamorphosent le thème et que Diabelli, admiratif, édite aussitôt en un seul cahier (écouter les n° 21 à 24) ! Il les préface ainsi :

« Nous présentons ici un grand et important chef-d’œuvre, digne de figurer parmi les créations impérissables, comme seul Beethoven, le plus grand compositeur vivant pouvait en produire. […] Ce travail est d’autant plus intéressant qu’il est basé sur un thème qu’on n’aurait pas supposé capable d’intéresser ce grand homme. […] Les splendides fugues n° 24 et 32 étonneront tous les amateurs de style sérieux, tout comme les n° 6, 16, 17, 23, etc. Les pianistes brillants apprécieront en outre la nouveauté des idées, la beauté des harmonies, l’habileté des transitions… Ces variations sont comparables au célèbre chef-d’œuvre de Johann Sebastian Bach. Nous sommes fiers de les avoir occasionnées […] »

Effectivement, il est très probable que Beethoven ait voulu créer un monument à l’égal des Variations Goldberg de Bach, elles aussi au nombre de trente-trois (si l’on compte le thème).

Le sept mai 1824, sa Symphonie n° 9, dont la célèbre Ode à la joie (qu’il souhaitait mettre en musique avant même son départ de Bonn), est donnée (écouter le début du 4ème mvt). Elle peut paraître classique avec ses quatre mouvements, mais chacun d’entre eux innove, se déploie et prend des proportions exceptionnelles. De sorte qu’elle annonce avec soixante ans d’avance les symphonies de Gustav Mahler, qui semble prendre le relais avec sa Symphonie n° 1 « Titan » (1888 : écouter le début du 4ème mvt). De même, ses derniers quatuors (écouter le n° 16, début du 4ème mouvement) semblent prolongés par ceux de Béla Bartók (écouter le n° 1, début du premier mouvement).

La Neuvième Symphonie est un triomphe en Autriche, mais aussi et surtout en Prusse et en Angleterre, où Beethoven est d’ailleurs tenté de se rendre pour sa démocratie (le lecteur n’aura pas oublié les penchants politiques de notre héros) ainsi que pour son idole, celui qu’il considérait comme le plus grand compositeur de l’Histoire, Georg Friedrich Haendel.

Mais le 30 juillet 1826, le neveu Karl fait une tentative de suicide. L’affaire fait scandale, et Beethoven bouleversé part se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. C’est là qu’il écrit sa dernière œuvre, un Allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Treizième Quatuor (1826 : écouter la fin). Ainsi, sa carrière de compositeur se termine par un grand éclat de rire !

Mort, renommée, œuvre

Le 26 mars 1827, après un long délabrement physique, Beethoven s’éteint à Vienne, victime d’une intoxication sévère au plomb : grand amateur de vin du Rhin, il avait en effet l’habitude de boire dans une coupe en cristal de plomb, en plus de sucrer son vin à l’acétate de plomb…

Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Christoph Willibald Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven prépara l’évolution vers le romantisme en musique et influença la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable ("plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes"), son art s’exprima dans tous les genres, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité universelle, c’est dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre que son impact fut le plus considérable.

Surmontant à force de volonté les épreuves d’une vie marquée par le drame de la surdité, célébrant dans sa musique le triomphe de l’Héroïsme et de la Joie quand le destin lui prescrivait l’isolement et la misère, il a mérité cette affirmation de Romain Rolland : "Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroîque de l’art moderne". Expression d’une inaltérable foi en l’homme et d’un optimisme volontaire, consacrant l’art musical comme action d’un homme libre et non plus comme simple distraction, l’œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique.

Son cercueil sera suivi par au moins 10 000 Viennois (5000 selon la police, 20000 selon les organisateurs). En conclusion, laissons-lui la parole : « La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. »

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