Les talibans sont entrés à Kaboul le 15 août et ils répriment déjà violemment toute activité ayant rapport à la musique. Les stations de radio et de télévision du pays ont cessé d’en diffuser, les magasins vendant des instruments ont été détruits. Des musiciens afghans témoignent.
Zohra, c’est le nom du seul orchestre entièrement féminin d’Afghanistan. Zarifa Adiba, 23 ans, y était cheffe d’orchestre, mais aussi altiste. Depuis trois ans, elle étudie la politique internationale au Kirghizistan. Sa famille et ses anciennes amies musiciennes sont toujours à Kaboul.
Mes amis sont terrifiés de garder leurs instruments, parce qu’ils ont peur que les talibans viennent chez eux et les découvrent.
"Je ne peux pas vous dire à quel point nos instruments comptent pour nous. Nous y tenons tellement, on ne peut pas les casser nous-mêmes ! Mais en même temps, mes amis sont terrifiés de garder leurs instruments, parce qu’ils ont peur que les talibans viennent chez eux et les découvrent. Et après, qu’est-ce qui se passera ? Nous ne savons pas", s’inquiète Zarifa.
"L’école [de musique] est fermée, personne ne peut y aller, car s’ils y vont, ils pourraient être tués"
En 2015, après l’obtention d’une bourse, Elham Fanous devient le premier musicien afghan à étudier dans une université américaine. Depuis New York où il vit désormais de son art – le piano -, Elham est, lui aussi, très préoccupé pour la sécurité de tous ses anciens camarades de l’Institut national afghan de musique : "Mes amis n’ont pas le choix, ils doivent cacher leurs instruments. L’école [de musique] est fermée, personne ne peut y aller, car s’ils y vont, ils pourraient être tués. Leurs instruments disparaissent ou bien sont brûlés. J’ai aussi appris que les talibans sont venus dans notre école et ils ont détruit un piano. C’est désastreux !"
Un douloureux rappel des années des talibans au pouvoir
"C’est vraiment déchirant de voir la culture sur le point de mourir. On dirait, surtout depuis quelques jours, qu’on retourne 20 ans en arrière, décrit Elham, le cœur brisé. C’est aussi très décevant, parce que tout cela s’est passé en à peine quelques semaines. Tout le travail qui avait été fait dans le pays depuis 2001 est parti en fumée"
La musique, mais aussi le cinéma, la poésie, les musées… Le retour au pouvoir des Talibans menace tout le patrimoine culturel afghan.