Enfance et formation
Jules Massenet, né le 12 mai 1842 à Montaud (aujourd’hui quartier de Saint-Étienne), est le plus jeune enfant d’Alexis Massenet, industriel, et d’Adélaïde née Royer de Marancour, pianiste (auteur de quelques compositions) et peintre. C’est d’elle que le jeune garçon prend ses premières leçons de piano, dès l’âge de 6 ans. En 1848, la famille déménage à Paris.
Le 10 janvier 1853, après une première tentative en 1851, Jules entre finalement au Conservatoire. Il y étudie le piano avec Adolphe Laurent, l’orgue avec François Benoist (à partir de 1861), le solfège et le contrepoint auprès d’Augustin Savard et de François Bazin (avec lequel il ne s’entend pas), l’harmonie avec Henri Reber et la composition avec Ambroise Thomas (à partir de 1861), qui deviendra son protecteur et facilitera sa carrière.
Une analyse inédite des cheveux de l’immense compositeur allemand révèle enfin les causes de sa mort. Mais l’énigme de sa surdité précoce demeure irrésolue. Explications.
Passionné par la musique (il assiste à une représentation de L’Enfance du Christ d’Hector Berlioz en 1855, aux concerts que donne Richard Wagner en personne en 1860 dans la capitale, etc.), il obtient le premier prix de piano en 1859, et celui de contrepoint en 1863 (en 1862, il avait déjà obtenu un second prix de fugue et de contrepoint).
Carrière
Après un échec en 1862, il remporte le prestigieux Prix de Rome l’année suivante, avec sa cantate David Rissio. C’est à la villa Médicis de Rome, où peuvent séjourner quelques années les lauréats du concours, qu’il compose sa suite pour orchestre Pompéia (créée à Paris le 24 février 1866) et son Requiem. Toujours en Italie, il rencontre Franz Liszt, qui le prend en affection. Le virtuose lui confie quelques élèves de piano, parmi lesquels Louise-Constance de Gressy (dite Ninon ou Mademoiselle de Sainte-Marie), future épouse de Massenet qui lui donnera une fille, Juliette, en 1868.
De retour à Paris, il y donne son opéra La Grand-Tante en 1867. Cette même année, son cycle de romances Poème d’avril (op. 14) et sa cantate Paix et liberté sont joués pour l’anniversaire de l’Empereur : sa renommée grandit. Après la guerre franco-prussienne de 1870, à laquelle il participe, Massenet connaît ses premiers succès avec la suite symphonique Pompéia, l’oratorio Marie-Madeleine (1873), et les opéras Don César de Bazan et Le Roi de Lahore. À cette époque, il fait également partie des premiers membres de la Société nationale de musique, fondée par Camille Saint-Saëns et Romain Bussine.
Une société très nationale
En 1871, après la cuisante défaite française face aux armées prussiennes, Saint-Saëns et Bussine fondent la Société nationale de musique afin d’encourager leurs collègues compatriotes et pour "contrer" la musique allemande, notamment le wagnérisme ambiant. Sa devise était « Ars Gallica”. De nombreux autres compositeurs français les rejoindront : César Franck, Massenet, Fauré, Henri Duparc, etc.
En 1876, il reçoit la légion d’honneur (il sera élevé commandeur en 1899). Deux ans plus tard, il devient non seulement le plus jeune membre de l’Académie des beaux-arts (Saint-Saëns était également pressenti pour cette place), mais est aussi nommé professeur de composition au Conservatoire maintenant dirigé par Ambroise Thomas. Parmi ses élèves, dont sortiront 18 Prix de Rome, on compte Ernest Chausson, Reynaldo Hahn ou encore Albéric Magnard. Massenet démissionnera de son poste en 1896, à la mort d’Ambroise Thomas.
C’est dans les années 1880 que sont créés ses opéras les mieux accueillis : Manon (créé en 1884 à l’Opéra-Comique, d’après le roman Manon Lescaut de l’abbé Prévost), Hérodiade, Le Cid, Le Jongleur de Notre-Dame, ou encore Werther (créé à Vienne en 1892, d’après l’œuvre de Goethe).
Thaïs (créé en 1894 à l’Opéra de Paris et destiné à la chanteuse Sybil Sanderson) ne connaît pas immédiatement le succès en raison de son sujet sulfureux (l’histoire d’un moine qui convertit une païenne, pour finalement s’apercevoir qu’il l’aime un peu plus qu’il ne devrait : écouter la fameuse Méditation de Thaïs).
Citons encore Sapho et Cendrillon, créés en novembre 1897 et en mai 1899.
En 1910, son Don Quichotte est créé à Monaco et connaît un grand succès qui ne s’est pas démenti depuis.
Jules Massenet meurt le 13 août 1912 à Paris, atteint d’un cancer.
Œuvre et héritage
Certains considèrent Massenet comme l’héritier de Charles Gounod. Les deux hommes partagent un goût pour les sujets religieux (La Terre Promise, oratorio créé le 15 mars 1900 à Saint-Eustache, et quatre drames sacrés ; le Requiem ; un Ave Maria Stella ; Panis angelicus) et un sens naturel de la mélodie. Les deux musiciens ont été d’une importance décisive pour l’évolution et le rayonnement de l’opéra français : on compte des dizaines opéras à l’actif de Massenet (dont près d’une dizaine ont été perdus), qui a également influencé de nombreux compositeurs, dont Ruggero Leoncavalllo, Giacomo Puccini et Achille Claude Debussy (dans son Pelléas et Mélisande).